Ce think tank centré exclusivement sur la politique de défense a été créé en 1997 par William Kristol et Gary Schmitt. Il est une annexe de New Citizenship Project fondé en 1994 qui s’est fixé pour mission : la promotion de l’implication et de la participation à la vie civique nationale américaine. Le PNAC présente un visage plus limité car il se concentre sur le seul thème de l’American Global Leadership. L’organisation néo-conservatrice reçoit, dés le départ, l’appui financier des fondations Lynde & Harry Bradley, Scaife et John M. Olin. Si le projet initial fut lancé par William Kristol, de nombreuses personnalités de la scène politique et intellectuelle américaine le rejoignent rapidement. Bien que le PNAC offre de multiples analyses et rapports concernant le vaste domaine de l’armement, de la Défense et des relations internationales, son objectif originel et officiel est d’apporter un soutien sans faille au principe d’interventions militaires américaines en Irak. Depuis les échecs constatés de cette politique et la défaite du camp Républicain aux dernières élections du Congrès, le think tank a perdu de sa légitimité et surtout de sa raison d’être, réduisant son équipe de travail à la portion congrue.
Le PNAC se définit comme une organisation à but non lucratif dont la mission principale est la diffusion d’études, de rapports et d’analyses concernant les domaines de la Défense, de l’armement et de la sécurité nationale. Sa déclaration de principes placée sous l’idée de l’American Global Leadership se décline sur quelques points fondamentaux : le leadership américain est profitable aux Etats-Unis et au reste du monde ; ce leadership nécessite l’usage de la force militaire, d’un jeu diplomatique d’influence et d’un engagement à des principes moraux ; les dirigeants et le gouvernement américains doivent gérer ce leadership et en user afin d’obtenir une autorité absolue. Le PNAC aspire à prolonger la domination politique, économique, militaire et culturelle des Etats-Unis afin d’imposer au monde la Pax Americana (chère à Théodore Roosevelt), c’est-à-dire une paix globale sous la gouvernance américaine et de ses règles. Les analystes du PNAC envisagent le rôle prépondérant des Etats-Unis comme indispensable à la préservation de la paix en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Ils défendent la légitimité de l’usage de la force pour imposer le modèle démocratique américain en faisant le parallèle avec les transformations positives de l’Allemagne et du Japon après la Seconde Guerre Mondiale.
Lorsque le PNAC voit le jour, ses membres fondateurs veulent placer la politique de Défense et de la sécurité nationale au centre des débats. L’appui à des interventions armées constitue un argument en faveur de l’intérêt accrû pour le domaine de l’armement. Les points centraux qui _font l’objet de l’attention des experts du PNAC sont : la nécessité pour les Etats-Unis d’abandonner le Traité de non-prolifération des armes nucléaires ; un effort soutenu pour la conquête militaire de l’espace ; la multiplication de bases militaires américaines sur le globe pour garantir une police internationale (Global Constabulary) ; et le renouvellement technologique de l’équipement militaire américain. En réalité c’est toute la politique reaganienne basée sur une Défense forte qui est remise à l’ordre du jour par le PNAC, dont la plupart des membres ont servi dans l’administration du Président Reagan. Les propositions avancées par le think tank reposent sur une augmentation des dépenses militaires de 3,8% du PIB national pour le budget de la Défense et un renforcement des liens avec les démocraties alliées et le combat des régimes hostiles pour l’international.
Le 11-Septembre, nous n’avions pas de stratégie, pas d’accord inter-partis, ni une bonne compréhension de ce qui s’était passé, et nous avons eu à la place un coup d’État politique dans ce pays. Un coup d’État politique(*). Des types impitoyables ont pris la direction de notre politique étrangère, sans se donner la peine de nous en informer. Je suis allé au Pentagone 10 jours après le 11-Septembre. Je ne pouvais pas rester à l’écart de notre armée. J’y suis allé pour voir Donald Rumsfeld, avec qui j’avais travaillé dans les années 70, et je lui ai demandé : « Est-ce que j’ai été bon sur CNN ? » Il a répondu « Oui » et a ajouté : « J’ai lu votre livre ». Le livre parle de la guerre du Kosovo. Puis il me dit : « Personne ne va nous dire où et quand on peut bombarder un pays, personne ! » Il poursuit : « Je pense l’appeler ‘coalition flottante’. Votre avis ? » J’ai répondu, « Monsieur, merci d’avoir lu mon livre, et… » Il m’a alors coupé en disant : « Merci. Je n’ai plus de temps à vous consacrer. » Vraiment ! Et alors que je descendais pour quitter le Pentagone, un officier de l’État-major m’appelle dans son bureau et me dit : « Je veux que vous sachiez que nous allons attaquer l’Irak. » J’ai demandé « Pourquoi ? » Il a répondu « Nous ne savons pas. » J’ai dit : « Avons-nous établi un lien entre Saddam Hussein et le 11/9 ? » Et il m’a répondu que non.
De retour au Pentagone, six semaines plus tard, j’ai revu le même officier et lui ai demandé « Est-il toujours prévu que nous attaquions l’Irak ? » Il a répondu « Monsieur, vous savez, c’est bien pire que ça. » Il a pris un document sur son bureau et me dit : « J’ai reçu ce mémo du Secrétaire à la Défense … qui dit que nous allons attaquer et détruire les gouvernements dans 7 pays en 5 ans. Nous allons commencer par l’Irak, et puis nous irons en Syrie, au Liban, en Libye, Somalie, au Soudan et en Iran. » J’ai dit « 7 pays en 5 ans ! » Je lui ai demandé « est-ce un mémo top secret ? » Il me répondit « Oui, Monsieur ! » Je lui ai dit : « Alors, ne me le montrez pas. » Il allait le faire. « Sinon je vais en parler. » J’ai gardé cette information pour moi pendant longtemps, 6 ou 8 mois, j’étais tellement abasourdi que je ne parvenais pas à en parler, et je ne pouvais pas croire que c’était vrai, mais c’est bien ce qui s’est passé.
Ces gens ont pris le contrôle de la politique des États-Unis, et j’ai compris alors, je me suis souvenu d’une réunion que j’avais eue avec Paul Wolfowitz en 1991. En 2001, il était vice-Secrétaire à la Défense, mais en 1991, c’était le sous-secrétaire, soit le numéro 3 au Pentagone. Il m’avait dit alors : « nous avons 5 ou 10 ans pour nettoyer tous ces régimes favorables à l’ex-Union soviétique, la Syrie, l’Iran, l’Irak, avant que la prochaine superpuissance n’émerge pour nous défier. » C’était une déclaration stupéfiante : l’armée servirait à déclencher des guerres et à faire tomber des gouvernements et non pas à empêcher les conflits. Nous allons envahir des pays. Mes pensées se bousculaient. J’ai mis ça de côté, c’était comme une pépite que vous conservez. Un groupe de gens a pris le contrôle du pays avec un coup d’État politique, Wolfowitz, Cheney, Rumsfeld… je pourrais nommer une demi-douzaine d’autres collaborateurs du Projet pour un Nouveau Siècle Américain (PNAC). Ils voulaient que le Moyen-Orient soit déstabilisé, qu’il soit chamboulé et placé sous notre contrôle. Tout cela nous ramène aux commentaires de 1991. En aviez-vous été informés ? Le plan a-t-il été annoncé publiquement ? Les sénateurs ou les députés ont-ils dénoncé ce plan ? Y a-t-il eu un débat public ? Absolument pas ! Et il n’y en a toujours pas ! Ils ont hâte d’en finir avec l’Irak pour pouvoir aller en Syrie. « Oh, nos légions vont y aller. »
Mais ce n’est pas pour ça que les Américains ont élu George W. Bush. En fait, ils ne l’ont pas vraiment élu. Ce n’est pas pour ça que beaucoup de gens… ce n’est pas pour ça qu’il avait fait campagne. Il avait fait campagne sur une politique étrangère humble. Nous avons eu la politique étrangère la plus arrogante de toute notre histoire. Il a fait campagne sur une absence d’intervention, et nous sommes en Afghanistan et en Irak. C’est stupéfiant !
Que vous soyez démocrate ou républicain, en tant qu’Américains, vous devez vous sentir concernés par la stratégie des Usa dans cette région. Quel est notre but ? Quelles sont nos motivations ? Pourquoi sommes-nous là-bas ? Pourquoi des Américains meurent-ils dans cette région ? C’est ça la vraie question.